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Troubles oppositionnels

                                               par Sylvie FRERE

En quelques mots ...

 

Le trouble oppostionnel avec provocation est un ensemble de comportements négativistes, hostiles ou provocateurs envers des figures autoritaires, allant au-delà d'un comportement infantile habituel. Les individus souffrant de ce trouble peuvent se montrer agressifs et colériques (DSM V). Cela se manifeste par une humeur irritable/colérique, des comportements d’argumentation défiant l’autorité et/ou de comportements vindicatifs.

Le trouble oppositionnel est caractérisé par une désobéissance quasi-généralisée. L'enfant, face à une consigne qui lui déplaît, s'oppose, refuse de s'y plier, refuse aussi de se plier aux conséquences et aux punitions. A la maison, les parents ont l'impression d'une perpétuelle lutte de pouvoir. C'est parfois l'enfant qui prend le dessus et c'est lui qui décide. A l'extérieur aussi l'enfant peut refuser de se plier à l'autorité, chercher à provoquer l'adulte. Si la phase d'opposition est normale et souhaitable pour le développement de l'enfant, elle doit s'estomper. Une relation de confiance parents-enfant où l'enfant est reconnu dans son individualité et son autonomie et où les parents posent un cadre pour la sécurité de celui-ci permet normalement de dépasser cette phase d'opposition.  Le trouble apparaît généralement avant l'âge de 8 ans, davantage chez les garçons que les filles (4 pour 1).

Le cycle de l'oppositon (Russel Barkley)

 

L' association québécoise des neuropsychologues reprend sur son site le modèle de Russel Barkley (1981) sur le cycle de l'opposition chez l'enfant. Il permet de mettre en lumière le rôle de l'argumentation dans l'opposition. Ci-dessous, je vous présente le schéma ainsi que les explications proposées.

Ce schéma illustre à mon sens très bien le rôle de l'argumentation et l'opposition qui peut en résulter. Valable pour tout enfant, quand il s'agit d'un enfant avec trouble oppositionnels, l'issue est alors le plus souvent l'agression ou la crise.

Les causes d'apparition du trouble

Le CERC (Clinique d'évaluation et de réadaptation cognitive spécialiste en neuropsychologie et en orthopédagogie de Laval-Montréal) reprennent les causes les plus courantes suivantes : 

  • L'enfant n'est pas reconnu par ses parents dans ses besoins à lui, dans son individualité et dans sa recherche d'autonomie.

  • L'enfant et ses parents n'ont pas réussi à établir un lien de confiance mutuelle.

  • L'enfant a appris que l'opposition est payante (exemple: il reçoit davantage d'attention lorsqu'il s'oppose que lorsqu'il se conforme, ou encore il sait que s'il s'oppose il a des chances d'avoir gain de cause).

  • Il y aurait aussi une composante génétique qui prédisposerait certains enfants à adopter des comportements d'opposition.

Diagnostic

Les critères diagnostiques sont (d'après le DSM V) un ensemble de comportements négativistes, hostiles ou provocateurs, persistant pendant au moins 6 mois durant lesquelles sont présentes quatre des manifestations suivantes (ou plus) :

  • se met souvent en colère

  • conteste souvent ce que disent les adultes

  • s'oppose souvent activement ou refuse de se plier aux demandes ou règles des adultes

  • embête souvent les autres délibérément

  • fait souvent porter sur autrui la responsabilité de ses erreurs ou de sa mauvaise conduite

  • est souvent susceptible ou facilement agacé par les autres

  • se montre souvent méchant et vindicatif

Le diagnostic doit être posé par un spécialiste, souvent un neuropsychologue, qui pourra attester de la réalité de ce trouble et proposer les interventions adéquates. Il s'agit de déterminer si le trouble d’opposition s’inscrit dans un syndrome à origine neurologique comme le TDAH (le comportement d'opposition est-il dû à l'impulsivité d'un enfant avec TDA ?) ou le syndrome de Gilles-de-la-Tourette (est-il dû à une attirance pour l'interdit?) ou à des besoins émotifs et affectifs de l'enfant (troubles phobiques, anxio-dépressifs, etc.) ou encore à des failles dans le mode d'éducation des parents. Les interventions préconisées dépendent de la/des cause(s) identifiée(s).

Que faire à l'école ?​

Un enfant avec trouble oppositionnel à l'école se manifeste par  exemple par  des refus de se plier aux consignes ou au règlement, par des comportements inappropriés envers ses semblables en pouvant se montrer rancunier, vindicatif, irrité, voire méchant, en refusant une autorité qu'il juge injuste ou abusive, etc. Ce trouble impacte sur les apprentissages scolaires : l'enfant peut refuser de réaliser un travail demandé, rejeter la responsabilité de ses erreurs sur les autres, avoir des difficultés à travailler en groupe, à négocier, à trouver des compromis, etc. Quelles stratégies pédagogiques adopter ? Sur le sujet, voire ce document réalisé par des orthopédagogues québécois pour soutenir l'intégration (lien). 

Que faire à la maison ?

Souvent, il s'agit d'intervenir auprès des parents afin d'améliorer leur stratégies éducatives à l'encontre de leur enfants. C'est à nouveau sur un site canadien que j'ai trouvé un document qui donne les informations générales pour prévenir et diminuer l'opposition chez un enfant avec trouble oppositionnel (lien). Parmi les stratégies : le parent se doit d'appliquer la règle des C afin d'assumer son rôle parental : cadre cohérent, consignes claires, avec consensus sur les conséquences, à appliquer de manière calme et cohérente ; il s'agit de contrer l'argumentation et l'argumentation ;  aussi d'accorder une attention positive aux comportements agréables et fournir des renforcements positifs aux comportements adéquats. 

Quelques lectures en guise d'introduction  au sujet !

Voir aussi :

La vidéo de présentation du livre de Dr Hammarenger​, L'opposition. Ces enfants qui vous en font voir de toutes les couleurs

Sur YouTube, de nombreuses vidéos d'Isabelle Filliozat dont une émission radio de Sudradio (2014) "Il me recherche" et une émission télévisée Les Maternelles "Que faire quand il dit "non" sur tous les tons" (2016) sur France 5.

Conclusion

L'orthopédagogue est amené à suspecter un trouble oppositionnel, à orienter les parents vers un spécialiste qui puisse poser un diagnostic complet et circonstancié, à aider l'enseignant à adapter sa pédagogie pour aider cet enfant dans ces relations à autrui et dans ses relations à l'autorité, à coacher les parents sur les meilleurs stratégies à adopter dans leur mode d'éducation. En tant qu'orthopédagogue, il y a également lieu d'approfondir ses connaissances sur le trouble oppositionnel et de s'intéresser de près au développement du jugement moral chez l'enfant, aux méthodes qui permettent d'améliorer ses habiletés sociales et à connaître différentes méthodes cognitivo-développementales ou cognitivo-comportementales qui peuvent être utiles selon les cas en présence. C'est ce que Mme Frère nous a proposé de faire dans le cours d'approfondissement auquel je renvoie pour plus d'explications ! 

1) Initialement les parents formulent une demande à l’enfant, ou lui refusent quelque chose qu’il désire. À cela l’enfant s’oppose et commence à argumenter. En réponse aux arguments de l’enfant, les parents expliquent, réexpliquent, reformulent et réexpliquent de nouveau leur décision. C’est le début de l’argumentation. Puis les parents entrent dans les arguments de l’enfant et souvent on dévie à ce moment dans une argumentation irrationnelle, parce que l’enfant utilise des arguments irrationnels. Par exemple:

Enfant: “Tous mes amis ont ce jouet et pas moi”
Parent: “Bien c’est ça, tu peux aller vivre chez un de tes amis si tu veux!”

Dans cet exemple, l’argument de l’enfant est manifestement invraisemblable, mais les parents y répondent tout de même par un argument tout aussi invraisemblable puisque jamais ils ne laisseraient leur enfant aller vivre ailleurs! Cette argumentation ne mène donc à rien en terme de résolution de la situation.

2) Après un certain nombre de répétitions de la consigne, avec argumentation, les parents passent à la deuxième étape: La menace. On menace alors l’enfant d’une punition ou de la perte d’un privilège. Habituellement l’argumentation continue, mais subit alors un changement de direction. L’enfant n’argumente plus sur la consigne de départ, mais argumente maintenant sur la menace de punition.

 

3) Au cours de ce cycle, la tension monte de part et d’autre. Cela nous amène à la troisième étape où le parent prend une décision punitive envers l’enfant. Le parent étant en colère, il impose une grande punition à l’enfant, que souvent il n’arrivera pas à tenir une fois que la tension redescendra. Dans ce cas l’enfant apprend qu’en fait les punitions ne tiennent pas. Mais au moment de la punition en question, alors que la tension est forte, l’enfant risque d’exploser et de faire une crise (agression), ce qui envenime encore davantage la situation. (lien vers le site)

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