
Bénédicte De Meyer
Orthopédagogue
When I went to school, they asked me what I wanted to be when I grew up. I wrote down 'happy'. They told me I didn't understand the assignment, and I told them they didn't understand life. John Lennon
Le pairing
L’idée du pairing
Le pairing est un moyen de créer un lien positif entre la personne avec autisme et « autre chose ». Il s’agit d’un processus d’association avec des personnes, des lieux, du matériel, des activités, afin que des « choses » neutres ou aversives pour la personne avec autisme deviennent positives et puissent retenir son attention et l’intéresser. C’est le moyen pour l’intervenant de créer des nouveaux renforçateurs.
Le concept
Le concept de pairing est issu de l’anglais « to pair » (= associer) et donc « pairing » (= association).
Le principe
Le pairing peut être effectué avec différents stimuli : des objets, des activités, des lieux, des personnes. Lors d’une prise en charge ABA, il faut constamment faire du pairing pour introduire de nouveaux stimuli et maintenir les stimuli positifs.
Le pairing est un processus d’association entre deux stimuli :
- Si un stimulus neutre est associé à un stimulus positif, il deviendra lui-même appétitif ;
- Si un stimulus neutre est associé à un stimulus aversif, il deviendra aversif ;
- Si un stimulus positif est associé à un stimulus aversif > ?
Objectif et avantages
L’objectif du pairing est d’associer des choses plaisantes à des choses neutres pour qu’elles deviennent plaisantes et ainsi créer des liens positifs. Dans le cadre d’une intervention en analyse appliquée du comportement, le pairing est utilisé pour introduire de nouveaux items en tant qu’agents renforçateurs.
Les avantages dont multiples :
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Il est utilisé pour introduire de nouveaux apprentissages ou compétences (grâce à la délivrance du renforcement), ce qui permettra d’augmenter la motivation de la personne, d’améliorer sa coopération pendant les séances. Comme l’intervenant connaît bien la personne et les renforçateurs qu’il apprécie, il est plus à même de motiver la personne dans ses apprentissages en lui proposant des renforçateurs puissants ;
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Il est aussi utilisé pour que la personne soit motivée et heureuse de travailler avec la personne qui l’accompagne (et donc permettre un travail plus efficace). C’est pourquoi, en début de prise en charge et aux cours des interventions, beaucoup de temps est occupé à la mise en place et au maintien du pairing. L’intervenant doit être perçu lui-même comme un renforçateur. Une interaction sociale de qualité existe entre le bénéficiaire et l’intervenant.
Le pairing avec un nouvel intervenant
Tout nouvel intervenant auprès d’un bénéficiaire doit s’établir lui-même comme un renforçateur, quelqu’un de bénéfique pour lui, qui va lui apporter quelque chose. Il faut créer une relation de confiance, donner envie à l’enfant de participer à nos séances et à la vie quotidienne. Le pairing enseigne aussi la valeur sociale en montrant qu’autrui peut apporter quelque chose, qu’une interaction sociale peut s’avérer intéressante. Il doit se mettre en place et perdurer durant toute la relation avec le bénéficiaire.
La première étape : donner gratuitement
Quand un nouveau arrive dans une équipe, il doit donner gratuitement, sans demander aucun effort au bénéficiaire. L’intervenant joue avec la personne, lui propose de nombreux jouets, fait des bulles, donne les biscuits, aide le bénéficiaire, etc. Pour une personne avec autisme, la nouveauté peut être une difficulté. Il s’agit d’associer un agent neutre, le nouvel arrivant, à des activités ou à des moments agréables/renforçants. L’intervenant ne l’oblige pas à faire ce qu’il ne veut pas, il ne l’arrête pas, il ne l’oblige pas, il n’insiste pas.
Il s’agit au départ de contrôler les mots. Mieux vaut rester silencieux ou à tout le moins surveiller que le langage soit composé de mots positifs pour l’engager vers des activités appréciées et qu’il ne soit surtout pas des consignes ou des demandes qui contraignent le bénéficiaire.
La deuxième étape : utiliser des consignes connues
Quand le bénéficiaire est familiarisé avec l’intervenant, qu’il vient le voir spontanément, qu’il vient le chercher pour obtenir du matériel, qu’il ne s’échappe pas en le voyant, etc., l’intervenant peut introduire des consignes que la personne connaît, qu’elle sait faire, qui est liée à des renforçateurs.
Par exemple, si la personne sait boire seule et que l’intervenant lui a servi un verre, il peut dire « Bois ». Si un renforçateur est les bulles et qu’il sait souffler pour former les bulles, l’intervenant peut lui dire « Souffle ». Ca doit être agréable pour l’enfant de suivre les consignes.
La troisième étape : enseigner la valeur de l’approche
Lors des précédentes étapes, l’intervenant doit identifier et lister les renforçateurs préférés du bénéficiaire (et régulièrement les tester et les mettre à jour). Mieux vaut assainir l’environnement afin que la personne n’ait pas de nombreux renforçateurs accessibles. Il s’agit de créer le besoin de venir vers nous pour accéder à ce que le bénéficiaire désire. Le bénéficiaire associe peu à peu notre présence à ces renforçateurs.
L’idée est aussi d’amener la personne à prendre plus de plaisir dans l’activité avec l’intervenant que sans lui. Cela nécessite pour l’intervenant d’être enthousiaste, de s’amuser avec lui, de danser, etc. et dès lors de rendre cette activité encore plus plaisante pour lui. Faire des bulles seul, c’est chouette, mais c’est encore mieux avec l’intervenant. Dès lors, l’intervenant doit parfois arrêter l’activité renforçante et s’en aller pour que le bénéficiaire se rende compte que c’est moins sympa seul. Puis revenir et continuer le renforcement.
La procédure évolue vers l’enseignement de la valeur de l’approche. Au lieu de donner directement l’objet, l’intervenant va attendre que la personne vienne chercher l’objet, qu’il s’approche, qu’il tende la main, etc. L’intervenant doit peu à peu s’éloigner et de cette façon, il enseigne un nouveau comportement social à la personne.
Il peut aussi travailler sur le regard. Il ne donne pas l’instruction « regarde-moi » mais attend que le bénéficiaire veuille prendre l’objet, qu’il attende, et il va sans doute le regarder. Le renforcement doit alors être immédiat.
Choix des renforçateurs
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Autant que possible ne pas choisir des choses envahissantes qui amènerait la personne dans des autostimulations qui l’enferme dans cet objet-là et qu’il n’y ait pas d’interaction possible. Si à l’inverse, c’est un enfant qui s’autostimule beaucoup et qui ne s’intéresse à rien, nous allons essayer de nous inclure dans cette procédure d’autostimulation ;
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Choisissant des choses qui permettent des interactions, adaptés à son âge développemental, idéalement des choses faciles à donner, à faire chacun à son tour, faciles à récupérer, interactifs.
Quelques lignes directrices
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Identifier les R+ de l’enfant : identifier les objets, aliments, et activités qui sont appréciées ou renforçantes pour l’enfant.
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Epurer l’environnement : limiter la disponibilité et visibilité des autres R+. A chaque fois qu’un item aimé apparaît, c’est parce VOUS le rendez disponible, de façon à vous rendre plus intéressant.
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Approcher l’enfant avec quelque chose de "sympa".
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Associer votre voix et l’environnement avec les R+ : pendant que vous vous associez aux R+, dites le nom de l’enfant et utilisez des phrases courtes pour décrire ce que vous faites.
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Assurez-vous que ce que vous offrez est plus intéressant que ce que l’enfant a à ce moment-là : n’interrompez pas l’activité plaisante de l’enfant pour faire quelque chose de moins renforçant.
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Rendez les activités plus agréables : quand l’enfant est en train de jouer avec un jouet ou de faire une activité agréable, faites des choses qui rend le jeu encore plus drôle.
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Seules les instructions de vie quotidienne doivent être données (s’asseoir pour manger par ex.).
Notre objectif dans le travail auprès de ces enfants sera de mettre en place la médiation sociale, c’est-à-dire que l’enfant obtient le R+ par une personne et non directement de l’environnement. La plupart de nos comportements sont médiatisés.
Sources :
http://www.ba-eservice.info/pairing
http://aba-sd.info/documents/Presentation_ABA_LP_Maud_Collinet.pdf